
L’initiative impulsée par le FODER le 2 septembre dernier à Yaoundé vise à renforcer la participation des différents acteurs au processus de légalité forestière.
L’organisation Forêts et Développement Rural (FODER) a organisé la huitième édition de réflexion multipartite sur la légalité forestière, l’efficacité du contrôle, l’impact de l’Observation indépendante externe (OIE) et la collaboration entre les acteurs, le 2 septembre 2025, à Yaoundé (Cameroun). L’activité s’est tenue dans le cadre du projet :« Promotion de la transparence du secteur forestier au Cameroun par la vulgarisation de l’OTP et la mise en œuvre de l’observation indépendante – Projet OTP-OI CAM ». L’objectif de l’étalier multi-acteurs était d’analyser dans quelle mesure cet acquis peut contribuer à la mise en œuvre effective du Règlement zéro déforestation de l’Union européenne (RDUE), tout en renforçant la participation des différents acteurs au Partenariat Forêt ou Forest Partnership, tous deux initiés par l’Union européenne.
L’atelier de Yaoundé se veut être un cadre de concertation traditionnel, organisé depuis 2018 par le FODER, pour permettre aux acteurs et aux autres parties prenantes clés d’être régulièrement informés des évolutions relatives au statut de la légalité forestière, et de participer aux discussions interactives sur la mise en œuvre des processus forestiers et environnementaux au Cameroun. Il s’agit en outre de rencontres considérées comme des mécanismes d’écoute et de dialogue entre parties prenantes, essentiels dans le cadre de la mise en œuvre du suivi indépendant des forêts basées sur l’approche SNOIE. Une feuille de route nationale pour accompagner la transition de l’APV vers la RDUE et l’intégration au Forest Partnership a été ébauchée.
La RDUE et l’impératif de traçabilité
L’échange sur le Règlement de l’Union européenne sur la déforestation (RDUE) a permis de prendre le pouls de ce mécanisme entré en vigueur en 2023 et applicable à partir de 2025, pour permettre à la trentaine d’acteurs concernés (venant des administrations compétentes, du secteur privé forestier, des OSC partenaires, des partenaires techniques et financiers, de la justice et des autres institutions étatiques) de partager une compréhension commune des définitions et obligations clés. A l’analyse, il a été relevé que le RDUE a été développé avec pour objectif de garantir que les produits mis sur le marché européen sont dépourvus de déforestation. Six produits concernés: bois, cacao, café, huile de palme, soja, caoutchouc et bétail.
Le document d’orientation de la RDUE indique qu’en ce qui concerne la mise sur le marché, un opérateur qui veut importer du bois scié du Cameroun vers l’Union européenne doit prouver l’origine exacte du bois (coordonnées GPS de la parcelle). S’il achète du bois déjà transformé comme les contreplaqués, il doit tracer l’ensemble de la chaîne jusqu’à la matière première. Quant à la diligence raisonnée, il exige de l’opérateur qu’il constitue un dossier d’informations : coordonnées géographiques de toutes les parcelles, espèce de bois, volume, pays d’origine, documents prouvant la légalité (permis d’exploitation, taxes payées).
A titre d’illustration, un exportateur de grumes camerounaises doit fournir la carte SIG du titre forestier, le permis annuel et les reçus de taxes, etc. S’il est vrai que le Cameroun dispose actuellement d’acquis importants (OIE, certification, SNOIE, expérience APV), le pays doit toutefois renforcer la traçabilité, la transparence et la collaboration multi-acteurs pour se mettre aux normes fixées par le RDUE.
Et si le Cameroun s’inspirait du modèle vulgarisé par le « Forest Partnership »?
L’atelier a également abordé les enjeux des Partenariats Forêt (Forest Partnership en anglais), à réaliser sur la période 2025-2030. Les axes prioritaires du mécanisme présentés par Héloïse Dubois de l’Union européenne, indiquent qu’il s’agit d’une initiative phare du Global Gateway, reposant sur un engagement politique entre l’Union européenne et sept pays partenaires (Congo, Gabon, Guyane, Honduras, Mongolie, Ouganda et Zambie). Ils adoptent une approche globale, holistique et intégrée pour : protéger, restaurer et gérer les forêts de manière durable ; développer des chaînes de valeur forestières et créer des emplois ; réduire la déforestation et promouvoir le commerce des produits du bois légaux et durables. Un accent est mis sur les indicateurs suivants : amélioration de la gouvernance (Gabon, Guyane, Congo, Honduras, Mongolie, Ouganda, Zambie), gestion durable des forêts et chaînes de valeurs (Guyane, Honduras, Mongolie, Ouganda), promotion d’une économie forestière durable (Congo, Gabon), transformation économique et création d’emplois (Zambie), développement humain et social (Zambie) et recherche (Congo).