
La récente réflexion engagée à l’initiative de l’ONUDI du 19 au 20 février dernier à Douala a jeté les bases d’un partenariat mutuellement bénéfique pour hisser plus haut la fève et la cerise camerounaises.
Le Japon lorgne le café camerounais et ne s’en cache pas. L’atelier organisé du 19 au 20 février 2025 à Douala a réaffirmé l’engagement des parties prenantes du projet « Promoting International Competitiveness and Sustainability of Cameroonian products through advancing technologies »(PICS) à exploiter les opportunités dans les secteurs du cacao et du café. Au cours des échanges, le Japon a édifié l’assistance sur les exigences requises pour exporter les deux commodités agricoles sur son territoire. Tandis que la partie camerounaise a eu l’occasion, sans forcément se déplacer, d’explorer le marché japonais, notamment sa taille. De l’avis du représentant-résident de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (ONUDI) au Cameroun, Dr. Raymond Tavares, qui intervenait en visioconférence, il était question de « libérer le plein potentiel des secteurs du café et du cacao camerounais et de contribuer à une croissance économique et durable ». L’enjeu pour lui étant de favoriser des relations à long terme entre le Cameroun et le Japon, en partageant des connaissances, en instaurant la gouvernance et en explorant des opportunités commerciales concrètes.
L’objectif du projet PICS, indique Didime Olivier Tchoumi, conseiller technique principal à l’ONUDI, est d’améliorer le secteur du cacao et du café en termes de qualité des deux spéculations, d’aider les acteurs de toute la chaîne de valeurs partant du planteur jusqu’aux exportateurs et d’améliorer les procédures. « Si les produits sont améliorés et de qualité, il faut le vendre. Et nous avons notamment le marché japonais qui n’est pas encore exploré par les Camerounais. On s’est donc dit que dans le cadre du projet, on peut ouvrir cette voie qui est convoitée depuis des années par les acteurs camerounais. Le Japon est un marché très sérieux. Nous les connaissons en termes de qualité, dans le secteur automobile notamment », a-t-il expliqué. Il est allé plus loin : « Lors des premières réunions du comité de pilotage du projet, les acteurs camerounais ont bien sollicité avoir accès à ce marché qui est encore fermé jusqu’à présent. C’est dans ce sens qu’on s’est dit pour qu’on puisse pénétrer ce marché, il faut comprendre les exigences de ce marché ».
Etant donné que le prix du kilogramme de la fève brune sur le marché international est alléchant à l’heure actuelle, le Cameroun veut tirer avantage de cette conjoncture. « Une fois que nous avons un marché comme celui-là qui est prêt à donner un prix par rapport à la qualité, il y a un impact direct sur le planteur, à savoir qu’il pourra vendre désormais son cacao ou son café à 5000 F peut-être, contrairement à ce qu’il proposait à 1000 F, 1300 F ou 1500 F. Sa condition de vie va s’améliorer parce que son produit pourra lui permettre de nourrir sa famille », soutient M. Tchoumi.

Le développement de la chaîne de valeurs cacao-café en ligne de mire
Les interventions des exportateurs et transformateurs de cacao japonais ont davantage donné un aperçu de la ruée vers le cacao camerounais ces derniers temps. Leur principal pourvoyeur à savoir le Ghana fait face à des défis liés aux maladies des cultures. « De mon point de vue, le cacao et le café font face à des défis parce que la production est en baisse au Ghana. Il y a aussi le problème des résidus chimiques dans le café produit au Ghana. Maintenant, le Japon se bat pour trouver d’autres sources d’approvisionnement de ces fèves de cacao et de café. Le Japon cherche d’autres sources parce 67% du cacao par exemple est importé du Ghana », a-t-on appris des informations fournies par Tomoyoshi Koume, Project Manager.
Notre source est convaincue que le Cameroun a tout a gagné avec le projet PICS pour développer sa chaîne de valeurs. Les producteurs quant à eux ont une occasion de faire du business avec les différents acteurs nippons, pour engranger des revenus supplémentaires et améliorer leurs conditions de vie. Toujours est-il que le Cameroun est à la croisée des chemins avec le Japon dont le marché a été qualifié d’«exceptionnel », mais davantage « un marché exigeant qui pourra permettre de tirer toutes les deux filières vers le haut, notamment en termes de prix et de qualité et en misant sur un marché qui exige la qualité mais qui est également prêt à payer le prix », selon le coordonnateur national du projet PICS, Francis Nzukou Djoughem.
Le projet « Promoting International Competitiveness and Sustainability of Cameroonian products through advancing technologies » (« Promotion de la compétitivité des produits camerounais et des partenariats commerciaux internationaux, par le renforcement des technologies de pointe » en français) est mis en œuvre par le Japon, à travers l’ONUDI. Le projet a été lancé le 12 juin 2024 à Yaoundé, pour une durée de trois ans, soit jusqu’en 2027. Il vise à améliorer la qualité et accroître la compétitivité internationale du café et du cacao au Cameroun, en renforçant leur chaîne de valeur de la production à la vente. L’objectif est de contribuer au développement des compétences commerciales des acteurs, à la compétitivité durable des produits des chaînes de valeur du cacao et du café camerounais et à l’établissement des partenariats commerciaux internationaux en renforçant les technologies de pointe, l’innovation et la capacité d’assurance-qualité.