
A l’issue de deux jours de travaux tenus à Douala du 19 au 20 février 2025, le coordonnateur national du projet PICS-Cameroun revient sur les enjeux des activités et les pistes que le cacao et le café camerounais puissent pénétrer le marché japonais, extrêmement exigeant.
Le projet PICS vient d’organiser un atelier d’échanges à Douala pour capter le potentiel du cacao et du café afin de mieux les vendre sur le sol japonais. Qu’est-ce qui motivait une telle réflexion ?
Les enjeux de l’atelier de Douala consistaient surtout à ouvrir un nouveau marché exceptionnel pour le cacao et café camerounais. Un marché exigeant mais qui pourra permettre de tirer toutes les deux filières vers le haut, notamment en termes de prix et de qualité et en misant sur un marché qui exige la qualité mais qui est également prêt à payer le prix.
Quelles sont exigences du marché japonais ?
Le marché japonais a des exigences notamment en termes de résidus de pesticides chimiques. Ils veulent des produits avec zéro résidu de pesticides. Ce qui nécessite de former nos planteurs et nos coopératives dans l’utilisation des produits chimiques lors de l’épandage des insecticides, des fongicides. Il faut se tourner vers des produits naturels. La deuxième exigence porte sur un approvisionnement continu. Le marché japonais est basé sur la confiance et lorsque les contrats sont conclus, il faut que l’approvisionnement soit continu. Pour ce qui est de la qualité de la fève, il faut qu’il y ait au minimum 100 fèves par 100g, qu’il y ait en termes de moisissure moins de 7,5% d’humidité.
Est-ce que le Cameroun a les capacités disponibles pour satisfaire le marché ?
Tout le monde est d’accord aujourd’hui que le cacao camerounais a atteint un certain niveau. On ne parle plus de smoking cocoa. On a un certain nombre de centres d’excellence qui ont été mis sur pied et qui produisent du cacao premium. On a une amélioration dans la production du cacao de grade 1 et de grade 2. Mais, on a encore beaucoup d’efforts à faire, notamment pour supprimer le tout-venant. C’est quelque chose qui doit disparaître de nos filières. C’est un travail qu’il faut faire pour adresser de nouveaux marchés.
Quel est le prix à payer par le Japon ?
La première chose c’est de mettre à niveau les vendeurs et les coopératives pour qu’ils puissent répondre à ces exigences. Cela va passer par un certain nombre de formations. Il faut former les producteurs à des méthodes naturelles qui leur permettent de lutter contre les ravageurs et les maladies sans pour autant utiliser les produits chimiques. Ces formations seront dispensées par les Japonais dans le cadre du projet. La deuxième chose c’est tout ce qui est organisme de soutien. Lorsqu’on a produit, traité et stocké le cacao, il faut le vendre. Avant que le cacao ne sorte du Cameroun, il y a un organisme (l’Office national du cacao et du café, ONCC) qui certifie que le cacao respecte un certain nombre de normes. Le but sera d’équiper ses laboratoires avec des équipements qui leur permettent de faire tous les tests nécessaires par rapport aux exigences de ce marché.
C’est dire tous les espoirs qui sont fondés sur le projet PICS…
Effectivement ! Beaucoup d’espoirs sont fondés sur le projet PICS en termes d’ouverture de nouveaux marchés, d’amélioration de la qualité, de capacitation des acteurs que ce soit les planteurs, les coopératives, les organismes de soutien c’est-à-dire les laboratoires d’analyse notamment de qualité dans le cacao et le café. Mais également en termes d’amélioration de ce qu’on appelle le marketing de l’image Cameroun au niveau international.
Quels sont les facteurs de succès du projet PICS ?
A l’issue du projet, on espère qu’on aura connecté au moins cinq entreprises camerounaises avec des entreprises japonaises, qu’on aura fourni la capacité à des laboratoires d’analyse qualité au niveau du Cameroun de faire des analyses nécessaires par rapport aux exigences du marché japonais et on espère à terme qu’au moins 5% du cacao vendu au Japon vienne du Cameroun.
Interview réalisée par la Rédaction