
L’évaluation finale des 17 projets financés en quatre ans révèle des améliorations en termes de renforcement des capacités de recherche-innovation dans les pays d’Afrique centrale. L’atelier de Douala qui se tient du 10 au 15 mars 2025 se projette en outre sur la pérennisation des acquis du projet, avec en ligne de mire la mise en place du « Réseau Pricnac ».
L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) organise un atelier de capitalisation du projet de Promotion de la recherche, de l’innovation et de la culture numérique en Afrique centrale (Pricnac), du 10 au 14 mars 2025 à Douala au Cameroun. L’évènement qui marque la clôture du projet est couplé avec la conférence de dissémination des résultats. L’objectif est de faciliter la diffusion des innovations issues du projet, en capitalisant sur les connaissances acquises, les savoir-faire développés et les leçons apprises au cours de sa mise en œuvre, afin d’en favoriser le partage et l’appropriation par l’ensemble des acteurs concernés avec un focus sur les résultats obtenus et les enseignements tirés. L’atelier permet par ailleurs d’avoir une visibilité sur les avancées réalisées dans le renforcement des capacités en innovation et entrepreneuriat en Afrique centrale. L’enjeu étant de documenter les bonnes pratiques et d’explorer des pistes pour la pérennisation des actions engagées.
Au moment de la capitalisation du projet qui aura duré quatre ans (janvier 2021-janvier 2025), le directeur régional de l’AUF Afrique centrale et Grands Lacs, Pr. Alain Kiyindou, se réjouit de la qualité et du caractère innovant des projets réalisés. « Le Pricnac est un bon projet qui a été complétement mis en œuvre avec des bénéficiaires qui mettent en place des solutions très bénéfiques pour la société, des solutions de toutes sortes dans les domaines du numérique, des matériaux, de l’employabilité des femmes, il y a plusieurs solutions qui ont été mises en place. Il y a même des marques qui ont été déposées. On a des enseignants et des étudiants qui ont vu leurs capacités renforcées. Le bilan global est très satisfaisant », a-t-il indiqué.

17 micro-projets accompagnés en quatre ans à hauteur de 3,2 milliards de F
L’intérêt du Pricnac repose davantage sur sa portée sur le plan qualitatif et quantitatif. « L’image d’un continent africain importateur du progrès en provenance de l’Occident est désormais révolue. Les acteurs industriels et technologiques ont bien compris que le développement économique de l’Afrique est fortement lié à la mise en place d’un écosystème de recherche et d’innovation technologique dynamique », confie le Pr. Kiyindou. Et, dans un contexte où 35% des jeunes dans le monde seront Africains en 2035, « il est impératif pour le continent de développer des filières innovantes sur le long terme en vue de créer des emplois pour la génération qui arrive », poursuit-il.
A en croire Hilde Gaëlle Mongo Kedi, chargée de projet Pricnac à la direction régionale Afrique centrale et Grands Lacs de l’AUF, 17 micro-projets ont été accompagnés, à hauteur de 100 à 150 millions de F selon le projet. Les domaines concernaient : la recherche, l’innovation, le numérique, les savoirs locaux (utilisation des plantes médicinales pour fabriquer des médicaments par exemple), etc. Le budget global du projet était de 4 884 128 euros (3,2 milliards de F), avec une contribution de l’Union européenne à hauteur de 4 151 509 euros (environ 2,7 milliards de F). Le Pricnac a couvert huit pays d’Afrique centrale, à savoir : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sao-Tomé et Principe et Tchad. Au Cameroun, le Pricnac a financé 12 projets pour 1 930 698 euros, soit 1,2 milliard de F.

Des projets à haute valeur ajoutée et à fort impact sur les communautés
Le projet E-Entrepreneures développé par l’Ecole nationale supérieure Polytechnique de Maroua (Cameroun) et visant à promouvoir le e-commerce auprès des entrepreneures à travers la mise en place d’une stratégie de formation, a permis de former 245 femmes à l’e-commerce, en douze mois, souligne le porteur du projet, Pr. Alidou Mohamadou. Le projet Creuset de Lean Innovation Numérique en Afrique centrale (CLINAC) porté par l’ENSAI de Ngaoundéré en partenariat avec l’INSTA d’Abéché au Tchad, vise la création des tiers-lieux physiques et numériques dans quatre cilles (Ngaoundéré, Douala, Yaoundé et Abéché). La démarche ambitionne de former en mase via Internet 1000 à 2000 futurs innovateurs « sciencepreneurs » aux outils de l’entrepreneuriat, entre autres.
Quant au projet Hub numérique d’accompagnement des femmes dans la valorisation des déchets (Projet ≠HubNAFEVAD), il a été implémenté à Bukavu (RDC), avec un accent sur l’entrepreneuriat et l’employabilité des femmes. Le coordonnateur du projet, Pr. Fabrice Nfuamba Lukeba, souligne qu’il était question d’offrir aux femmes des outils de pointe dans la conception et la production des prototypes et d’encourager l’innovation et la créativité. Le projet I3DE porté par Arielle Kitio Tsamo et relatif à la mise en place de micro-fablabs d’impression 3D pour cinq lycées techniques (Nkolbikok, Bafoussam, Bonabéri, Koummasi et Nkolbisson) vise à stimuler l’intérêt des élèves du Cameroun pour l’innovation.
A l’issue du projet, les organisations membres du du consortium des micro-projets devraient se constituer en réseau dénommé « Réseau Pricnac », rassure le coordonnateur du projet, Jean Calvin Tjombe. Ce réseau qui va survivre au Pricnac et contribuer à la pérennisation du projet va catalyser l’échange d’informations et de bons procédés, tout en œuvrant dans le partenariat et la recherche de financements, soutient M. Tjombe.