
Un document officiel publié le 23 juillet 2025 par l’institution bancaire indique que l’Afrique est dominée par des investissements dans les industries extractives, peu sobres en carbone.
La Banque de France a publié le 23 juillet 2025 dans son Bloc-Notes Eco 409 : « Mesurer l’empreinte carbone des investissements français à l’étranger », une conclusion selon laquelle l’empreinte carbone, des investissements directs étrangers (IDE) des entreprises françaises, basée sur les émissions de CO2 d’environ 2500 groupes multinationaux français est plus forte en Asie et en Afrique, alors que les montants investis y sont relativement plus faibles. La méthodologie retenue pour obtenir ces résultats s’inscrit dans l’initiative du G20 visant à développer les nouveaux indicateurs climat, une approche granulaire de l’empreinte carbone des IDE estimée notamment à partir des bilans carbone publiés par les entreprises elles-mêmes, explique Thierry Tene, fondateur du groupe panafricain Afrique RSE et expert en RSE et durabilité. De manière simple, l’intensité carbone des IDE correspond pour chaque pays à la somme pondérée des émissions des filiales des IDE françaises rapportées au capital total des entreprises concernées.

Les impacts de ces IDE sont davantage perceptibles sur le continent africain, entre autres. « Les investissements français à forte intensité carbone se concentrent principalement en Afrique et en Asie, bien que la France oriente l’essentiel de ses flux d’IDE vers les pays de la zone euro et l’Amérique du Nord. Ce schéma peut être le corrélat d’une délocalisation industries à forte intensité carbone vers le reste du monde et plus particulièrement, vers les pays à plus faible revenu, mais il est aussi compatible avec un choix d’investissement dicté par la localisation des ressources et la structure productive de ces régions et pas nécessairement d’une délocalisation au sens strict. Cette concentration sur des activités émettrices de gaz à effet de serre (GES) compense l’effet de la faiblesse des capitaux engagés, expliquant pourquoi l’empreinte carbone des investissements directs français est particulièrement élevée dans ces régions », argumente la Banque de France dans sa publication.

Vers la montée en puissance de l’économie verte ?
Par la suite, la Banque de France justifie la variabilité de l’intensité carbone par la spécificité des secteurs d’activité dans chaque région. « L’Afrique, zone la plus émettrice pour les IDE français, est dominée par des investissements dans les industries extractives. Elle est suivie par l’Asie, marquée par un grand nombre d’investissements dans l’industrie manufacturière. A l’inverse, le poids de ces secteurs très plus émetteurs de GES est moins important dans les investissements français en zone euro ou en Amérique du Nord où les secteurs d’activités investis sont plus diversifiés et plus concentrés dans le tertiaire », précise le document officiel.
La Banque de France fait mieux en proposant des pistes pour décarboner les investissements français en Afrique. Il s’agit notamment de la diversification des secteurs d’activités avec une orientation progressive vers le secteur tertiaire, la réduction voire l’arrêt des investissements dans le secteur extractif et la montée en puissance des filiales françaises dans le domaine de l’économie verte. A en croire Thierry Tene, en attendant l’effectivité de cette stratégie, les filiales françaises présentes en Afrique doivent réaliser leur diagnostic des émissions de GES et adopter une réelle politique ambitieuse de décarbonation des modèles d’affaires.