
Le projet récemment défendu par son directeur général Louis Bisson, est censé assurer l’autonomie énergétique et alimentaire des communautés rurales, tout en protégeant le vivant.
Lors de la première session ordinaire du Conseil régional du Littoral au Cameroun pour l’année 2025 qui s’est tenue du 26 au 28 mai dernier à Douala, le directeur général d’Energy Water Agroforestry (EWA Farm), Louis Bisson, a été invité à intervenir pour soutenir la construction de 40 éco villages agro-industriels. L’objectif principal, a-t-on appris, est de réaliser les 17 Objectifs de développement durable des Nations Unies, notamment : l’accès à l’énergie, à l’eau potable, aux soins, à l’éducation, à un travail et rémunération décents, l’égalité homme-femme, etc. L’enjeu est aussi d’assurer la protection de la biodiversité et l’autonomie des populations. Le projet qui figure parmi les priorités du Plan régional de développement du Littoral pour la période 2022-2026 (document adopté en avril 2022) cadre avec la volonté de développement de la circonscription territoriale voulue par son président, Polycarpe Banlog. D’ailleurs, ce dernier n’a pas hésité à préciser que l’avenir de la région va se construire notamment « avec l’appui de l’ensemble des partenaires qui nous tendent la main, dans une approche de partenariat gagnant-gagnant ».
Le projet qui a la particularité d’être « audacieux, vertueux et générateur de valeurs » pour emprunter les termes chers à M. Bisson, permettra réaliser une autonomie énergétique et alimentaire dans les communautés rurales. En même temps, les populations vont s’impliquer dans la création de valeurs. D’après les indiscrétions, le projet pilote sera réalisé autour des villages Kikot et Nyanon, villages situés sur l’emprise du projet de construction du barrage hydroélectrique de Kikot-Mbebe (réalisé par Kikot-Mbebe Hydro Power Company, KHPC). 5000 logements seront construits dans ce périmètre.
Le projet pensé avec un ensemble d’experts agronomes, énergéticiens, financiers…repose entre autres sur un modèle économique atypique : c’est l’occasion d’amener la rémunération du travail au même niveau que la rémunération du capital. « Les actionnaires et les salariés seront rémunérés. 50 à 60% de la valeur créée va être produite à travers des lignes d’embouteillage d’eau potable. Les autres 40 à 60% vont provenir de la transformation des matières végétales. Il y a également des recettes qui seront générées par des activités spécifiquement locales », explique Louis Bisson. Par ailleurs, les superficies agricoles vont être exploitées pour transformer les matières végétales en produits alimentaires et non alimentaires qui vont satisfaire les besoins locaux, mais aussi avec l’ambition de commercialiser ces projets à l’exportation pour faire rentrer des devises, mieux des recettes qui vont permettre de financer localement les services sociaux et environnementaux, selon les sources proches du dossier.

La protection du vivant comme priorité
La protection du vivant est aussi au cœur de ce projet stratégique. « A l’échelle de la planète, nous avons perdu plus de 70% de l’ensemble du vivant. Au rythme actuel, avant la fin du siècle, nous risquons de perdre l’intégralité du vivant. Or, ce vivant, au-delà de ce qu’il peut présenter pour chacun de nous, le vivant a une fonction déterminante sur plusieurs aspects », alerte le directeur général d’EWA Farm. Par exemple, poursuit notre source, les rendements agricoles sont directement liés à plus de 60% à la capacité de ce qui nous entoure à polliniser les fleurs. « Sans ces pollinisateurs, les rendements agricoles chuteront de manière importante. Notre objectif de protéger le vivant a été le point de départ de ce projet que nous avons organisé autour d’une fondation enregistrée à Maurice. Dans le périmètre africain, nous tenons à être perçu comme membre du continent pour amorcer le projet », renseigne à suffisance Louis Bisson.
Relativement aux aspects financiers, l’idée est aussi d’attirer des financiers privés à qui le porteur du projet va promettre un rendement financier sur ces projets agro-industriels. « Avec le soutien de la région du Littoral, son président et l’ensemble des conseillers, nous souhaitons donner les moyens pour que l’Etat participe au moins partiellement dans la constitution du financement des fonds propres de chacun de ces villages », renseigne M. Bisson. Une démarche a été engagée auprès du ministre camerounais des Finances pour que soit réalisé un SWAP d’une partie de la dette de l’Etat en contrepartie d’investissements sur ce projet. Au finish, l’idée de ces éco villages est de les financer avec une partie de fonds propres et une partie de leviers financiers qu’EWA Farm va trouver et qui sont réservés à ces projets d’impact.