
L’ingénieur forestier hors échelle et expert en semences forestières va arborer une nouvelle casquette de scientifique, pour défendre les plantations forestières comme gage de survie des forêts.
Le 25 avril 2025, une cérémonie riche en émotions et souvenirs s’est tenue dans la ville de Yaoundé. Il s’agissait du programme de « Send Off » (cérémonie d’au-revoir, ndlr) organisé en l’honneur de monsieur Anicet Ngomin, haut commis de l’Etat qui a pris sa retraite le 18 avril 2025. C’était en présence d’un parterre de personnalités triés sur le volet, dont les personnels du MINFOF, les partenaires au développement, ONG, opérateurs économiques, amis et membres de la famille. Après une messe dédiée au concerné à la chapelle Saint-Esprit de Mvolye, les joutes intellectuelles ont pris le relais, pour célébrer le parcours « exceptionnel » de celui-là qui quitte l’administration publique camerounaise, après 35 années de bons et loyaux services rendus. Il aura, durant cette période, exercé essentiellement au sein du ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF).
Au moment de son départ à la retraite, l’ingénieur forestier hors échelle et titulaire du Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en technologie des semences végétales de l’université de Yaoundé I, occupait le prestigieux poste de Directeur des Forêts, ce depuis bientôt six ans. Le concerné a été nommé à cette fonction par décret N° 2019/3176/PM du 28 août 2019, signé du Premier ministre Chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute. Auparavant, il était chef de la Cellule de régénération, du reboisement et de la vulgarisation sylvicole au sein du même département ministériel. Il est par ailleurs Chevalier de l’Ordre de la Valeur du Cameroun à titre exceptionnel.

Un ardent partisan des plantations forestières…
Selon un observateur averti qui a requis l’anonymat, c’est la première fois qu’un directeur de l’administration centrale va en retraite de son propre chef. « Le poste qu’il occupait est généralement qualifié de juteux. Pour beaucoup, le fait de partir sans qu’on ne nomme son remplaçant est un message, même pour le personnel de son ministère ». Le principal message c’est qu’il est parti au soir de sa retraite, soit le 18 avril 2025. D’après des sources dignes de foi, Anicet Ngomin figure parmi les meilleurs experts en semences forestières au Cameroun. « A un moment où on parle constamment de plantations forestières, on n’a pas toujours l’expertise nécessaire. Or, c’est sa spécialité. Il a été formé à cela pendant ses études d’ingénieur forestier. Maintenant qu’il est parti du ministère des Forêts, il va se consacrer à cela », confie une source anonyme proche du concerné.
Le narratif sans cesse tenu par Anicet Ngomin est le suivant : bientôt, on va faire face à un déclin des forêts naturelles et il faudra trouver une autre source de revenus, soit les forêts plantées. Même lors des réunions publiques, il n’avait de cesse de dire qu’on n’a pas assez de forêts naturelles. Et qu’en continuant d’attribuer, on ne résout le problème. Donc, si on ne plante pas assez maintenant, on va avoir un déclin de l’économie forestière d’une manière générale. Il est donc favorable au fait qu’il faille planter maintenant. Dans ce message, il y a deux choses : la première c’est que les forêts finissent et donc elles sont mal gérées. La deuxième chose : il faut faire quelque chose et trouver une solution pour maintenir le niveau de revenus et d’emplois, donc la place de la forêt dans l’économie nationale est fondamentale.

Une panoplie de projets pilotés de main de maître pour la Nation camerounaise
Au cours du « Send Off », le chef de division de suivi-évaluation à l’Agence nationale d’appui au développement forestier (ANAFOR), M. Narcisse Lambert Mbarga, est revenu sur le parcours de l’expert forestier retraité. L’on retient de l’hommage professionnel de circonstance qu’Anicet Ngomin a animé l’un des programmes phares intitulé : « Aménagement des forêts et renouvellement de la ressource » et assuré la coordination technique de nombreux programmes nationaux. Il s’agit notamment du Programme national de développement des plantations forestières au Cameroun (PNDPF), du Cadre stratégique pour la restauration des paysages forestiers dégradés au Cameroun et de la mise en place du Système informatique de gestion des informations forestières de deuxième génération (SIGIF 2), entre autres.
« Il a également eu le privilège ainsi que des responsabilités connexes en lien avec le traitement de dossiers à caractère géopolitique et géostratégique en matière de gestion forestière qui ont fait de lui le point focal national d’une dizaine d’Initiatives, représentant du Cameroun dans de nombreux foras et négociateur aux niveaux national, sous-régional et international », dévoile Narcisse Lambert Mbarga.
Cette riche expérience en matière de gestion forestière, couplée à ses qualités humaines « exceptionnelles » d’Anicet Ngomin lui ont permis de développer une expertise avérée, inégalable et reconnue, matérialisée par le riche héritage qu’il laisse en termes de publications scientifiques de renom, aussi bien en tant qu’auteur ou co-auteur à savoir : « Sylviculture de 2ème génération au Cameroun : bases conceptuelles, schéma et leviers d’opérationnalisation » (2015) et « Guide pratique des plantations d’arbres des forêts denses humides d’Afrique » aux presses universitaires de Liège – agronomie – Gembloux (2021). L’ouvrage le plus récent s’intitule : « Restauration des paysages forestiers et terres dégradées au Cameroun : Analyse des progrès, modélisation de l’échantillonnage des micropaysages et évaluation des superficies des paysages restaurés dans le cadre du concept de « chemin de l’impact » (avril 2025). Il a pour co-auteur le Pr. Christophe Bring, en service au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED).