
Face aux mutations induites par la technologie, le think tank est d’avis qu’il s’agit d’un mouvement irréversible qui va bouleverser le quotidien des Camerounais. Pour ce faire, il va falloir s’adapter ou périr.
La ville de Yaoundé a abrité la deuxième édition des Journées camerounaises de l’intelligence artificielle (JCIA) le 22 avril 2025, à l’initiative du ministère des Postes et Télécommunications (MINPOSTEL) et de la Commission nationale de l’UNESCO pour le Cameroun. Autour du thème : « Intelligence artificielle et développement économique : innover pour transformer », les participants ont échangé sur la nécessité de saisir les opportunités de l’IA. Dans cette dynamique, Influence au Mboa s’est prononcé sur le concept, en commençant tout d’abord par lever un pan de voile sur tout ce qui se dit autour, à l’heure actuelle. « L’intelligence artificielle est très souvent considérée comme la technologie du futur. Pourtant, c’est faux. L’IA existe depuis des années. Ce qui a changé, c’est qu’OpenAI a réussi à la rendre visible, accessible, en la transformant en outil conversationnel. C’est ainsi que ChatGPT est né », précise d’emblée Moréas Garvey Gninghaye, Founder of Influence of Mboa.
A son avis, l’IA est une révolution silencieuse, déjà en marche et qui peut transformer profondément le quotidien des Camerounais. « Dans le domaine de la santé, imaginez des hôpitaux capables de diagnostiquer des pathologies plus rapidement grâce à l’IA. Cela permettrait non seulement de sauver des vies, mais aussi de réduire considérablement le temps d’attente des résultats pour les patients. Des applications peuvent aujourd’hui analyser des radios, détecter des maladies à un stade précoce, ou encore suivre l’évolution d’un patient à distance », confie M. Gninghaye par ailleurs expert du marketing digital. « Dans un pays où le personnel médical est souvent débordé et l’accès aux soins inégal, l’IA pourrait devenir un véritable bras droit pour nos soignants », poursuit-il.

Boulevard d’opportunités
Dans le domaine de l’éducation, l’IA ouvre également des perspectives immenses. « Des plateformes intelligentes peuvent s’adapter au rythme de chaque élève, identifier ses lacunes et lui proposer des contenus sur mesure. L’apprentissage devient alors plus interactif, plus vivant, plus accessible, même dans les zones rurales. On ne parle plus seulement d’enseigner, mais d’apprendre mieux. L’IA oblige les systèmes éducatifs à se réadapter. C’est une opportunité unique pour le Cameroun de refaçonner son modèle éducatif », avoue notre source. Néanmoins, il faut rester prudent. « Mal utilisée, elle peut aussi nuire, en incitant élèves et étudiants à se reposer sur elle sans réflexion. L’IA reste un outil de travail, comme un logiciel. Elle ne doit jamais remplacer notre pensée », nuance l’expert.
En ce qui concerne l’agriculture, considérée comme un secteur vital pour l’économie camerounaise, l’IA peut révolutionner les pratiques. « Elle peut aider à prédire la météo, à détecter les maladies des cultures, à optimiser les périodes de semis et de récolte. Grâce aux données, aux drones, à la cartographie et à l’analyse intelligente, on peut produire plus, gaspiller moins, et mieux préserver nos terres. L’IA peut même analyser la qualité des sols, identifier les zones arides, et recommander les cultures les plus adaptées », indique le promoteur d’Influence au Mboa.

Conditions préliminaires pour bénéficier des atouts de l’IA
Pour que l’intelligence artificielle puisse effectivement bénéficier à tous au Cameroun, le think tank Influence au Mboa propose des actions concrètes : des investissements massifs dans la formation, un accès élargi aux infrastructures numériques, un accompagnement sérieux des jeunes porteurs de projets tech, et surtout… une vraie volonté politique. « L’IA n’est pas là pour remplacer l’humain, mais pour l’augmenter. Pour le libérer de certaines tâches, pour l’aider à mieux décider. Bien encadrée, bien adaptée à nos réalités, elle peut devenir un levier puissant pour le développement durable du Cameroun », souligne à grands traits Moréas Garvey Gninghaye.
A condition de s’adapter. « Oui, certains métiers disparaîtront, comme cela a toujours été le cas à chaque révolution industrielle. L’arrivée de l’ordinateur, puis d’Internet, a déjà bouleversé le monde du travail. Mais, aujourd’hui plus que jamais, il faut se former, s’adapter, évoluer. Parce que l’IA sera omniprésente dans tous les secteurs », reconnaît-il. Avant de conclure : « L’heure n’est plus à la peur du changement. L’heure est à la maîtrise de ces outils. L’Afrique n’a pas besoin d’être spectatrice. Elle peut être actrice. Et le Cameroun peut, lui aussi, écrire son propre récit dans cette révolution numérique ».