
Le chef traditionnel de deuxième degré du Canton Bikélé-Sud dans la région de l’Est explique les efforts fournis par l’autorité traditionnelle pour en découdre avec le phénomène d’exploitation forestière illégale à Messamena, tout en dénonçant quelques complicités qui sapent les actions menées sur le terrain.
Quelle appréciation faites-vous du rôle des chefs traditionnels de Messamena dans le cadre de l’exploitation forestière ?
Les chefs se limitent à dénoncer. Ils dénoncent à tout moment auprès de l’autorité administrative, chaque fois qu’il y a une présence étrangère en forêt. Il y a un changement observé ces derniers temps. Certains écrivent même déjà au ministre (en charge des Forêts, ndlr). Il y a plus d’un mois, des saisies ont été effectuées à Messamena, suite aux dénonciations d’un chef. Il a écrit une lettre anonyme et la brigade rouge est descendue sur le terrain, avec à la clé des saisies de voitures, des engins et du carburant en brousse. Mais, il faut reconnaître qu’au-dessus des chefs, il y a des forces qui font pression. Ce qui fait que le chef manque parfois d’arguments. C’est vrai que certains chefs restent campés sur leurs positions et ne cèdent pas aux pressions, surtout ceux qui sont éveillés et cultivés. Il est important que les ONG puissent continuer la sensibilisation.
Quelle est la perception que vous avez du phénomène d’exploitation forestière illégale en ce moment ?
Il y a une baisse d’intensité en ce moment au niveau de l’exploitation forestière, parce que la forêt elle-même est finie. Il n’y a plus assez de bois en forêt. Pourtant, à Messamena, l’on recensait plus d’une vingtaine d’exploitants. Cependant, il y a ceux qui font dans le bois blanc qui veulent toujours piller. Mais, les chefs se battent pour les refouler. Lorsque nous voyons la question de la préservation des forêts sacrées avec les zones réservées, la pauvreté ambiante et l’incivisme des uns et des autres fait peser une menace sur ces espaces. Il faut bien trouver un moyen légal pour les protéger.
A quoi faites-vous concrètement allusion ?
Il y a des textes et des stratégies que les chefs ne maîtrisent pas. Les experts peuvent nous former et renforcer nos capacités pour qu’on puisse mieux protéger notre patrimoine naturel. L’on pourrait nous expliquer comment exploiter telle zone pour tel but, au profit de la chefferie ou des communautés. Il faut relever que l’autorité compétente est parfois complice. On ne peut pas entendre une scie en forêt sans que les Eaux et Forêts ne soient au courant. Parfois, on voit des contrôles inopinés assortis de saisies de machines, mais deux jours après, les activités reprennent.
Interview réalisée par LA REDACTION