
Le directeur général de 3S Motors et président de l’Association pour la promotion de l’écosystème de la mobilité électrique au Cameroun (APEME-CAM) revient sur les contours de la récente inauguration d’une borne de recharge pour véhicule électrique à Douala et les enjeux des incitations fiscalo-douanières contenues dans la Loi de finances 2025 en faveur de l’électromobilité au Cameroun.
La ville de Douala vient de bénéficier d’une deuxième borne de recharge pour véhicule électrique inaugurée le 5 février 2025. Comment en est-on arrivé là ?
Le projet a été créé pour la CAN 2021 sponsorisée par TotalEnergies Cameroun. C’était un défi de faire de la mobilité électrique pour les VIP qu’on devait déplacer pour aller voir les matchs de foot. C’est aussi un projet dont Total est à l’initiative. Il a interrogé plusieurs concessions et nous avons été les seuls à répondre à leurs besoins de fournitures de véhicules électriques. Nous sommes Nissan Cameroun 3S Motors et nous avons trouvé dans la gamme un véhicule Nissan 100% électrique que nous avons importé à cette occasion.
Comment est-ce que ce partenariat avec TotalEnergies Marketing Cameroun renforce votre position sur le marché ?
Le fait d’être avec TotalEnergies Marketing Cameroun est important. Total est une société internationalement reconnue. Le fait qu’une petite concession comme 3S Motors s’appuie sur TotalEnergies donne plus de crédibilité au projet. C’est un projet très ambitieux que nous avons démarré avec trois véhicules pour la CAN 2021. Aujourd’hui, grâce à la nouvelle loi de finances que l’Etat du Cameroun a voté après un travail de communication que nous avons fait et d’essais, l’Etat du Cameroun a validé de grandes remises sur les taxes d’entrée au pays pour tout ce qui est mobilité électrique, c’est-à-dire les motos, les tricycles et les véhicules. Le projet concret va démarrer aujourd’hui grâce à l’Etat du Cameroun, à TotalEnergies et aux concessionnaires qui ont des marques de véhicules électriques. Bien sûr, ça va prendre du temps parce que les véhicules électriques sont un peu plus chers que les autres. Mais à l’utilisation, je vous donne deux chiffres : pour remplir 250km sur une Nissan électrique, ça coûte à peu près 8000 F en électricité. Alors que le même plein pour un véhicule équivalent en essence, c’est 16 000 F pour 200km. Donc l’utilisateur va économiser 50% du budget. Il n’y a pas de vidange, pas d’entretien et surtout aucune émission de CO2 dans l’air. Nous sommes au Cameroun qui est un pays tropical où la température est chaude. On nous dit que bientôt ça va prendre deux degrés en plus si on ne fait pas attention à ces choses-là. C’est essentiel et primordial qu’on commence à changer nos habitudes et qu’on puisse aussi passer à la mobilité électrique au Cameroun.
C’est autant avantageux pour les clients que pour les porteurs du projet ?
C’est avantageux pour tout le monde : pour vous, pour nous, pour nos enfants qui vont grandir au Cameroun. Imaginez que chaque année nous sommes entre 30 et 32°C quand il fait très chaud, cette mobilité électrique émet zéro CO2 et c’est très bon pour l’atmosphère.
Par rapport aux remises contenues dans la loi de finances 2025, peut-on avoir une idée ?
L’Etat du Cameroun a enlevé les droits d’accise sur les véhicules électriques. La nouvelle loi fait aussi 50% de remise sur la taxation. Normalement la taxation d’un véhicule c’est à peu près 55% de douane avec la TVA. Vous divisez par deux. Le ministre des Finances et l’Etat du Cameroun ont fait un effort énorme pour que la voiture soit à un prix concurrentiel par rapport à une voiture thermique. Déjà la construction d’une voiture électrique est plus chère que celle d’une voiture thermique. Ils ont tenu compte de toutes nos explications et ils ont réagi très vite. Les pouvoirs publics nous accompagnent aujourd’hui dans cette transition écologique et nous remercions le chef de l’Etat ainsi que tout l’Etat du Cameroun.
Est-ce le fruit du plaidoyer porté par l’APEME-CAM ?
Nous avons créé une association avec les concessionnaires pour expliquer que c’était bénéfique pour nous. Ils ont bien compris le message. Dans d’autres pays, c’est quelque chose qui existe depuis sept à huit ans. On a expliqué ce qui se passe ailleurs. On était leader en Afrique en 2021 quand on a lancé le projet. Malheureusement, on s’est fait un peu doubler par la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui commencent déjà à commercialiser les véhicules électriques. C’était la taxation qui nous empêchait. Et là, on va faire venir des motos, des tricycles et des véhicules. Et ça touche toutes les couches de la population camerounaise. Par exemple : Douala avec les milliers de motos qu’on a, il suffit de les imaginer en électrique, on aura tellement moins de consommation et moins de bruits.