
Le responsable certification et formation à Rainforest Alliance se prononce sur les enjeux de l’arrimage à la règlementation zéro déforestation de l’Union européenne dans le cadre de la production du café sur les hautes terres de l’Ouest-Cameroun.
Rainforest Alliance a convié du 29 au 30 janvier 2025 à Bafoussam ses partenaires du projet COBALAM à une sensibilisation ciblée sur la production durable du café. Quels en étaient les enjeux ?
Nous sommes venus à Bafoussam dans le cadre du projet COBALAM (Eliminer les obstacles à la conservation de la biodiversité, à la restauration des terres et à la gestion durable des forêts à travers une gestion communautaire des paysages) dans lequel l’une des composantes vise à développer des chaînes d’approvisionnement durable dans les paysages. Nous avons un autre volet concernant la réglementation de l’Union européenne. Nous avons constaté que depuis 2022, la plupart des concertations organisées au niveau du Cameroun n’ont concerné que les entreprises cacao. Et peu d’entreprises café ont été conviées aux échanges. C’est la raison pour laquelle dans le cadre du projet, nous nous sommes donnés pour mission de sensibiliser toutes les entreprises de café de la région de l’Ouest élargies à la région du Nord-Ouest dans le sens de les sensibiliser déjà sur le règlement de l’Union européenne et sur le standard de Rainforest Alliance pour une promotion des chaînes de valeur durables dans le paysage. Le RDUE a sept cultures parmi lesquelles le cacao et le café. Donc, tous ces acteurs sont concernés dans le champ d’application du règlement de l’UE sur la déforestation.
Quel est l’intérêt pour les acteurs de la filière café à s’aligner aux principes de durabilité ?
Parmi les participants, nous avons beaucoup d’exportateurs de café qui devront d’ici janvier 2026 se conformer au règlement de l’Union européenne. Cela implique que certaines actions soient prises dès aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons pensé qu’il est bon que nous commencions les sensibilisations qui vont se poursuivre par les formations de tous les acteurs opérationnels sur le terrain, de manière à leur permettre d’être au moins à 80% prêts le jour dit.
Quel est l’objectif recherché in fine ?
Il est question de s’aligner au règlement de l’UE qui stipule qu’aucune plantation ne doit avoir été déforestée et doit avoir démontré que sa chaîne d’approvisionnement est zéro déforestation. Autour de cet objectif, il y a les éléments liés à la légalité qui inclut tout ce qui est foncier, gestion environnementale et fiscalité. Nous avons également la cartographie. Toutes les parcelles de près de quatre hectares et plus devront être géolocalisées. Ce sont toutes ces exigences qui nous amènent à sensibiliser rapidement et dans un bref délai les coopératives et exploitants qui doivent être conformes avant le 31 décembre 2025.
Au-delà de cette sensibilisation ciblée, quel est l’appui que Rainforest Alliance peut apporter à ces acteurs ?
En plus des sensibilisations, Rainforest Alliance a développé une offre RDUE pour toutes les entreprises qui souhaitent se conformer et livrer sur le marché européen. Nous avons développé une offre depuis le 15 janvier 2024 qu’on appelle offre RDUE sur la plateforme de certification Rainforest Alliance Certification Platform. Les entreprises peuvent utiliser cette plateforme pour soumettre toutes les preuves de conformité et accéder au marché européen. L’Union européenne a approuvé la plateforme de Rainforest Alliance comme étant une plateforme fiable pour la gestion des données suivant les exigences du RDUE.
Autant dire que les statistiques actuelles sur la filière café appellent à l’action pour mettre sur le marché une cerise certifiée Rainforest Alliance ?
Au Cameroun, selon les données de l’ONCC, 1/3 de la production du cacao certifié est labélisé Rainforest Alliance. Cette année, les chiffres ont un peu baissé pour s’établir à 283 tonnes de cacao exporté. Dans cette quantité, nous avons le tiers labélisé Rainforest Alliance. Malheureusement, pour le moment, sur les 10 000 tonnes de café produites, aucune cerise n’est certifiée Rainforest Alliance. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’à la faveur de ce règlement, il est bien que les entreprises café puissent s’aligner aux exigences et labélisent leurs produits comme l’est déjà le cacao au Cameroun.