
A l’issue d’une récente activité de mise à niveau de leurs compétences, elles ont reçu des astuces pour assurer la durabilité de leurs initiatives sur le terrain.
Lors de l’atelier de formation des formateurs sur la co-création d’un projet de vision partagée avec un ensemble diversifié de parties prenantes du paysage de la Trinationale Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM), organisé par Rainforest Alliance à Sangmelima le 10 juin 2025, une vingtaine de participants y ont pris part. Les modules de formation développés ont été appropriés, avec des fortunes diverses. L’organisation Appui à l’autopromotion et l’insertion des femmes, des jeunes et des désœuvrés (Apifed) n’est pas à sa première expérience. « Les formations arrivent dans un contexte où on déjà eu à participer plusieurs fois à de telles dynamiques. Nous avons salué cette initiative, car si les acteurs ne partagent pas une vision commune, ce n’est pas évident de mieux contribuer à la gestion de ces paysages. Ce type d’initiative a permis de rassembler plusieurs parties prenantes, même si elles ne sont pas toutes représentées. Je pense qu’on est à plus de 90% de représentation des parties prenantes concernées », a déclaré la directrice, Marie Ba’ane.

Le deuxième adjoint au maire de Mintom, Prosper Medoulou, a dit toute sa satisfaction pour l’organisation de la série de trois formations initiée par l’Ong internationale Rainforest Alliance. « Nous sommes à la troisième phase de notre projet de vision partagée du paysage TRIDOM. En réalité, les trois ateliers nous ont permis de comprendre les étapes avant d’aboutir à une vision partagée d’un paysage », a précisé M. Medoulou. Même son de cloche pour l’organisation Appui à l’autopromotion des femmes de la Boumba-et-Ngoko (Aafeben), OSC locale basée à Bertoua et menant des activités dans le paysage TRIDOM. « L’expérience que j’ai personnellement acquise tout au long de cette série de formations est enrichissante. Au sortir, je puis dire que j’ai une idée de ce que c’est la gestion intégrée des paysages, les avantages qu’il y a à faire une gestion intégrée du paysage avec toutes les parties prenantes qui mettent en commun leurs expertises sur une même table, pour échanger sur les Objectifs de développement durable, tout au moins des objectifs communs à tous », a souligné son chargé de programmes, Herman Mopo Kayi.

L’intérêt de l’atelier de Sangmelima a été en outre réaffirmé par les producteurs de cacao. « L’initiative de Rainforest Alliance vient à point nommé, parce qu’il y avait déjà des abus de débordements de tous côtés. Nous allons recadrer les acteurs pour qu’on arrive à conserver tous ensemble les acquis que nous avons du côté de Mintom », a rassuré le président de la coopérative SCOOPPROCAM (certifiée Rainforest Alliance), Jean-Louis Mva Ze. Au total, trois formations ont été organisées, dont celle de novembre 2024 sur l’introduction à la gestion intégrée du paysage et la cartographie et analyse des parties prenantes et celle de janvier 2025 sur les partenariats paysagers, avec un accent sur la gouvernance intersectorielle et multipartite.
LA REDACTION
REACTIONS
« Nous avons été encouragés à être ensemble et à travailler ensemble »

Sa Majesté Martin Abila, chef de troisième degré d’Assok, à Mintom.
« J’ai été présent durant toutes les réunions organisées par Rainforest Alliance. Et c’est déjà une réussite. Nous avons été encouragés à être ensemble, à vivre ensemble et à travailler ensemble. Les préoccupations des Baka ont été prises en compte, pour que le projet évolue et que le paysage de Ngoyla-Mintom soit géré en pensant à ceux qui vont venir après nous. Personne n’a été oubliée. Quand chacun a son mot à dire, on réfléchit dans la même direction et les choses se passent bien. Une fois rentré au village, je vais partager l’expérience acquise avec les membres de ma communauté, et l’autorité administrative ».
« On va vers l’aboutissement de la définition d’une vision où tout le monde va se retrouver »

Marie Ba’ane, directrice de l’Osc Appui à l’autopromotion et l’insertion des femmes, des jeunes et des désœuvrés (Apifed).
« Aujourd’hui, on va vers l’aboutissement de la définition d’une vision où tout le monde va se retrouver, toutes les composantes seront prises en compte et tous les ingrédients sont effectivement intégrés. Nous rentrons satisfaits, peut-être pas à 100%, parce que nous le serons totalement quand la formulation finale nous sera partagée et qu’on s’assure que tout ce qui a été dit au cours des formations a été pris en compte. Et quand cela sera vulgarisé et quand toutes les parties prenantes, surtout celles qui n’ont pas été présentes tout au long de ce processus, vont se l’approprier et s’y engager pour que nous regardions toutes vers la même direction pour le grand bonheur de la biodiversité, du développement des trois pays du Cameroun, Congo et Gabon et pour un développement holistique. J’ai beaucoup apprécié la démarche engagée par Rainforest Alliance, parce qu’elle se veut intégrante et elle a beaucoup plus intégré les communautés qui ne sont généralement pas assez prises en compte dans de telles dynamiques. Nous encourageons même davantage Rainforest Alliance à aller plus loin. Aujourd’hui, nous avons une vision globale sur trois pays qui forment le TRIDOM, mais il faudrait également qu’on sache davantage quelles sont les initiatives à accompagner au niveau du Cameroun, pour que toutes les composantes puissent œuvrer pour l’atteinte de cette vision ».
« Nous souhaitons que l’encadrement continue »

Prosper Medoulou, deuxième adjoint au maire de Mintom.
« Nous sommes à la troisième phase de notre projet de vision partagée du paysage TRIDOM. En réalité, les trois ateliers nous ont permis de comprendre les étapes avant d’aboutir à une vision partagée d’un paysage. Il y a plusieurs éléments qui entrent en ligne de compte, pour une gestion durable du paysage. Nous sommes ravis d’avoir pris part à cet atelier. Pour notre contexte, quand on parle du paysage TRIDOM, il regroupe le Cameroun, le Congo et le Gabon. Si la réflexion débute par nous, c’est déjà une grâce d’avoir participé à la première étape de cette réflexion. Maintenant, un paysage regroupe beaucoup de choses : les gens qui y vivent, les forêts, les collines, etc. Pour que les actions soient efficaces, il faudrait qu’on regarde vers la même direction. Si les choses se font en rangs dispersées, des efforts vont se perdre. Or, si nous avons un regard unique, tout ce que nous allons mener comme actions sera efficace pour l’atteinte des objectifs communs. Cette démarche est à louer. Nous souhaitons que l’encadrement continue, pour mieux comprendre cette méthode. C’est une approche un peu nouvelle et nous ne pouvons pas dire à cet instant que nous sommes des experts ».
« La gestion intégrée du paysage est fondamentale »

Herman Mopo Kayi, chargé de programmes à l’Osc Appui à l’autopromotion des femmes de la Boumba-et-Ngoko (Aafeben).
« La gestion intégrée du paysage est fondamentale, partant du micro-paysage c’est-à-dire des communautés ou des parties prenantes locales au niveau international. L’intérêt de la vision commune se traduit beaucoup plus dans notre vision de voir la façon dont notre paysage sera géré à long terme. Nous rêvons tous d’un paysage sain qui offre des services à tout un chacun, que ce soit aux Osc, Ong, communautés et au secteur privé, non seulement aujourd’hui mais durant plusieurs années encore. Du coup, il est important d’avoir une vision commune de la façon dont nous voyons ce futur ensemble et mener des approches qui vont dans le sens d’atteindre cette vision commune de durabilité de ce paysage. Si ce paysage meurt, ce sont toutes nos activités également qui meurent. Il est donc important de se mettre ensemble, d’avoir une vision commune et d’utiliser une approche qui va nous permettre d’atteindre cette vision commune. Je tiens à remercier Rainforest Alliance d’avoir pensé à organiser ces différentes formations qui nous outillent. En même temps, nous devenons des ambassadeurs et nous allons mettre en pratique ce que nous avons appris au niveau où nous intervenons dans le paysage. Le paysage est macro, mais c’est la contribution de tout le monde au niveau micro qui permet d’atteindre cette vision commune au niveau du TRIDOM ».
« Sans une action commune, nous n’arriverons pas à bien gérer nos forêts »

Jean-Louis Mva Ze, président de la coopérative SCOOPPROCAM.
« Je suis très ravi d’avoir participé à la troisième session de formation que l’Ong Rainforest Alliance a organisé. A l’issue de ces assises, je suis vraiment outillé, parce que je dois sensibiliser mes membres sur la gestion intégrée du paysage. Sans une action commune, nous n’arriverons pas à bien gérer nos espaces mieux nos forêts. Déjà au niveau de la filière cacao, nous avons la règlementation zéro déforestation de l’Union européenne qui est devant nous. Cet atelier permet donc de prendre position et de voir comment s’y prendre pour bien gérer nos espaces avec les autres acteurs. Nous ne sommes pas les seuls. Il y a les secteurs privé et public. Nous allons conjuguer les efforts pour que les solutions soient trouvées pour la conservation de la biodiversité et surtout travailler pour la sauvegarde des acquis de la nature. Surtout que nous travaillons, du côté de Mintom, à côté de la réserve du Dja. Nous sommes tous interpellés à mettre ensemble nos énergies pour que la conservation soit totale dans notre espace ».
Recueillis par LA REDACTION