
Malgré les menaces et pressions dont fait l’objet l’Association des femmes riveraines de la Socapalm d’Edea (Afrise), ses leaders affichent leur détermination à dénoncer les accaparements qui s’enchaînent.
Fin mars 2025. Des gendarmes ont utilisé du gaz lacrymogène, pour disperser les femmes riveraines des plantations de la Socapalm, dans le village Apouh à Ngog, situé dans l’arrondissement d’Edea 1er, département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral. Depuis, les femmes vivent la peur dans le ventre, à en croire la présidente de l’Association des femmes riveraines de la Socapalm d’Edea (Afrise), principale organisation au cœur de la contestation des opérations de replanting lancées par la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm). « Afrise est un peu refroidie, parce qu’il n’est pas facile de tenir tête à l’armée. Nous avons été bastonnées, avons vu nos habits déchirés. On nous a lancé du gaz. Moi-même j’ai été menacée. Ça a fait peur aux membres de l’association », confie Félicité Ngo Bissou, au cours d’un entretien accordé à Green Lines 237, le 18 juillet 2025.
D’après notre source, les femmes riveraines subissent des menaces de la part de la Socapalm [agro-industrie détenue en majorité par Socfinaf, holding luxembourgeoise détenue en partie par le groupe Bolloré]. La tension n’est pas retombée depuis mars, apprend-t-on. « Nous sommes dépassées par ce que nous vivons. Nous sommes butées, parce que par rapport à la décision prise par nos autorités administratives que la Socapalm progresse autour de nos cases et sur les terres de nos ancêtres, nous ne sommes pas d’accord », relate Mme Ngo Bissou, la mine dépitée. « La société a engagé des gendarmes pour sécuriser leurs sites. Nous sommes séquestrées sur nos propres terres. Nous n’avons plus la possibilité d’entrer et de sortir dans la société. Il est difficile d’accéder à nos petites rivières, d’aller aux marécages chercher de quoi nourrir nos familles. C’est très grave au village. Ça nous affaiblit à tel point que nous ne parvenons plus à vivre normalement avec nos familles », poursuit notre interlocutrice.

Malgré la situation qui prévaut à Apouh à Ngog, celle qui dirige Afrise, association créée en 2023 et constituée de plus de 300 membres, ne baisse pas les bras. Au contraire ! Afrise sollicite l’aide nationale, mais surtout internationale, pour que leur cause soit entendue. « Nous sommes certaines que si notre voix se fait entendre au niveau international, les choses vont changer et notre lutte aura servi à quelque chose. Au niveau national, l’entreprise est en train de corrompre partout. Nous avons fait des plaidoyers jusqu’à la présidence de la République, sans réponse. Nous interpellons l’international à venir à notre secours pour que nos terres soient restituées », plaide Mme Ngo Bissou. Celle qui milite pour la cause de ses sœurs se dit déterminée à continuer le combat, pour récupérer ce qui leur appartient, pour survivre et laisser un héritage cultuel et culturel à leurs progénitures.