
Après avoir pris sa retraite missionnaire le 15 janvier 2023, le Rev. Daniel Mbiwan vient d’adresser une lettre aux dirigeants et citoyens camerounais, dans laquelle il lance un cri d’alarme et exhorte à prendre des mesures nécessaires et utiles le rétablissement de la paix au Cameroun, la stabilité et la prospérité du pays.
« LETTRE OUVERTE AUX DIRIGEANTS ET CITOYENS CAMEROUNAIS : L’AVERTISSEMENT D’UN VEILLEUR SOUS LA SELETTE »
Chers Dirigeants et Concitoyens,
C’est avec le cœur lourd et une profonde conviction spirituelle que j’écris cette lettre ouverte, non pas en tant que politicien, rebelle ou même en quête de faveurs ou de reconnaissance, mais plutôt en tant que Dirigeant Religieux à la retraite, Ministre de Dieu, Serviteur du Très-Haut et Veilleur sous la sellette de cette nation appelée Cameroun.
Nous sommes à un tournant critique de l’histoire de notre nation. La course à la présidence du Cameroun a recommencé, mais au lieu d’inspirer l’espoir, elle révèle plutôt une tragédie déchirante : plus de 80 candidats déclarés, dont notre patriarche, chef de l’État, grand-père et arrière-grand-père âgé de 93 ans, qui a servi pendant plus d’un demi-siècle et qui exprime encore le désir de gouverner. Bien qu’à ce jour, le nombre de candidats retenus s’élève à 13, cela reflète toujours la division politique. Il ne s’agit pas seulement d’une anomalie politique, mais cela révèle une crise morale et spirituelle. Voici quelques questions cruciales à noter, même si nous ne les ignorons pas tous.
UN VIDE AU NIVEAU DU LEADERSHIP :
L’absence d’une vision claire de transition pour l’avenir a paralysé notre nation. Nous en voyons les symptômes : un système éducatif défaillant, un secteur de la santé en déclin, une corruption rampante, l’insécurité, les divisions ethniques et l’étouffement économique. Notre peuple pleure, mais ses larmes tombent dans la poussière. Les pauvres n’ont pas les moyens de vivre, les jeunes n’ont aucun espoir et les personnes âgées sont abandonnées. Pourtant, l’élite au pouvoir continue de rechercher le pouvoir comme si elle était éternelle.
Où est le cœur du leadership ? Où est la compassion des pères pour leurs enfants ? Nous sommes devenus une nation gouvernée par la cupidité et non par la grâce, par des clans plutôt que par une équipe de dirigeants soucieux, par la manipulation plutôt que par la vérité et la justice, par la terreur plutôt que par la compassion et par la domination plutôt que par la protection. La douleur et les lamentations sont évidentes et n’ont pas besoin d’un prophète politique ou religieux pour être perçues, même par l’homme de la rue.
UN CLERGÉ REDUIT AU SILENCE ?
Je regrette que beaucoup de membres du gouvernement actuel ne voient les chefs spirituels que comme des figures de proue, des outils à utiliser pendant les campagnes électorales, des ornements lors des événements officiels ou des sources de bénédictions opportunes avant leurs projets politiques. Ils recherchent nos prières, mais méprisent nos conseils prophétiques. Quelle honte !
Allons-nous rester silencieux comme des chiens abandonnés qui ne peuvent aboyer ?
Allons-nous échanger notre voix prophétique contre des assiettes de nourriture, des enveloppes, des postes et des faveurs temporaires ?
Dieu nous en préserve ! N’oublions pas que nous sommes appelés Serviteurs de Dieu et que c’est Lui notre Maître, et non les hommes. N’oublions pas que servir Dieu, c’est aussi servir son peuple qui nous est confié. Il est certain que Dieu nous a appelés à un moment et à une époque comme celle-ci.
En tant que Ministre de Dieu, j’en suis arrivé à un point où je refuse de rester silencieux et préfère mieux m’exprimer. Il faut noter, pour ceux qui ne le savent pas, que j’ai participé activement à des efforts de consolidation de la paix, à d’intenses sessions de prière d’intercession et à des sessions de conseils stratégiques en faveur de notre chère nation. Comme beaucoup d’autres, j’ai déploré, supplié, conseillé et appelé à la paix par le biais de conversations sincères et d’un dialogue inclusif face à la crise croissante de notre nation, mais nos conseils ont été rejetés comme des plumes dans le vent.
SI CE N’EST PAS NOUS, ALORS QUI ? SI CE N’EST PAS MAINTENANT, ALORS QUAND ?
Aujourd’hui, nous marchons dans l’ombre de géants tels que le Cardinal Christian Tumi, Martin Luther, Desmond Tutu et Martin Luther King Jr., pour n’en citer que ceux-là. On se souvient d’eux comme des hommes de Dieu, des pasteurs, qui ont su allier la foi à la justice, la vérité au courage et le ministère à la responsabilité. Ils ont refusé d’être réduits au silence ou de rester silencieux dans les moments difficiles où leur empathie pastorale était nécessaire.
Ils ne se sont pas cachés derrière leur chaire lorsque le mal régnait. Ils n’ont pas revêtu leurs habits religieux alors que les pauvres étaient écrasés. Ils ont pris la parole, ils se sont levés et ils ont donné leur vie pour la droiture et la justice.
La question que je me pose, ainsi qu’à tous les autres Ministres de Dieu et à tous les leaders de conscience, est simple : Comment pouvons-nous être le sel et la lumière de cette nation dans une période comme celle-ci ? Préparons-nous la prochaine génération ou protégeons-nous notre propre survie ?
AVERTISSEMENT AUX DIRIGEANTS ACTUELS ET FUTURS :
Cette lettre n’est pas écrite par arrogance ou amertume, mais par urgence, car je porte un fardeau divin dans mon cœur.
Voici l’avertissement :
– Aux dirigeants en place qui continuent à exercer le pouvoir sans plan de transition intentionnel et transparent, rappelez-vous l’Écriture : « On ne se moque pas de Dieu, car tout ce qu’un homme sème, il le récoltera aussi ! » (Galates 6 :7). La vérité étant que, le pouvoir sans responsabilité et sans obligation de rendre des comptes est une méchanceté ! « Car nous devons tous comparaître devant le Christ pour être jugés, tôt ou tard. Nous recevrons chacun ce que nous méritons pour le bien ou le mal que nous avons fait dans ce corps terrestre ». (2 Corinthiens 5 :10) ;
– Aux leaders émergents et aux aspirants à la présidence qui cherchent à diriger sans avoir transformé leur cœur, et qui poursuivent une position plutôt qu’un objectif, je dis que le Cameroun n’a pas besoin d’un autre dirigeant ; cette nation a besoin d’un père et d’un berger qui se soucie du peuple et honore Dieu avant le pouvoir et lui-même !
– Enfin, aux dirigeants religieux, aux chefs traditionnels, à la société civile et à ceux qui vivent dans la diaspora, sachez que le temps où vous pouviez sauver votre peau et garder une distance de sécurité dans vos refuges à l’étranger est révolu. Nous ne pouvons pas rester neutres ou indifférents en cette période de déclin, de décadence, de désastre et de mort nationale.
APPEL À NOS COMMUNAUTÉS :
J’invite tous les habitants, de Mouloundou à Mamfe, de Kousseri à Kribi, à s’unir, non pas autour des personnalités tribales, mais autour des principes communautaires et nationaux. Dépassons le tribalisme, la tyrannie, les barrières linguistiques et le sectarisme régional, et commençons à nous poser les questions suivantes :
• Quel type de Cameroun voulons-nous pour nos enfants aujourd’hui et demain ?
• Quel héritage laissons-nous derrière nous en tant qu’anciens et dirigeants ?
• Luttons-nous pour des trônes de pouvoir ou pour l’âme périssable d’une nation ?
C’est maintenant que tout se joue. L’heure est venue de faire preuve de courage prophétique, de repentance nationale et d’actions audacieuses. Si nous n’agissons pas maintenant, nous serons jugés par l’histoire, par nos enfants et par Dieu pour ne pas avoir pris la parole alors que nous en avions la possibilité. Que cette lettre serve de cri d’alarme. Que chaque lecteur de ce message s’examine lui-même, elle-même. Que chaque citoyen réfléchisse profondément et soit prêt à prendre les mesures nécessaires et utiles pour contribuer au salut et au rétablissement de la paix, de la stabilité et de la prospérité de ce beau pays considéré comme l’Afrique en miniature.
Rester silencieux ou être contraint de se taire revient à être un ennemi de cette nation. Dieu fera néanmoins entendre d’autres voix, encore plus fortes et plus puissantes, provenant d’endroits inattendus, afin de révéler la vérité, de réprimander les arrogants et de redonner espoir au peuple. Dieu ne manquera jamais de témoins ou de messagers lorsque le besoin s’en fera sentir, comme c’est le cas aujourd’hui.
« Malheur aux chefs de mon peuple, aux bergers de mes brebis, qui ont détruit et dispersé celles-là mêmes dont ils devaient prendre soin », dit le Seigneur » (Jérémie 23 :1).
Que la grâce du Seigneur se multiplie sur nous tous en cette période difficile afin que nous puissions dans un moment comme celui-ci, faire ce qui est moralement juste.
Que Dieu bénisse l’Église de Dieu au Cameroun.
Que Dieu bénisse notre cher pays, le Cameroun.
Le vôtre dans le nom de Dieu !
Révérend Dr. Enonchong Daniel MBIWAN
Surintendant Général Emérite de la Mission du Plein Evangile au Cameroun,
Veilleur sur le Cameroun,
Serviteur de Dieu, défenseur de la paix, porte-parole des sans-voix, Chevalier de l’Ordre du Mérite du Cameroun.
Soumis humblement, ce jour du 28 juillet 2025, l’année de notre Seigneur.