Les feuilles de route pour sortir des énergies fossiles et mettre fin à la déforestation n’ont pas réussi à être concrétisées dans les textes officiels.
Lors de la COP 30 à Belém (Brésil), les pays ne sont pas parvenus à s’entendre sur des feuilles de route pour sortir des énergies fossiles et mettre fin à la déforestation dans les textes officiels. Un communiqué de presse publié par World Wide Fund (WWF) le 22 novembre 2025 précise que la présidence de la COP 30 les a annoncées comme des initiatives que certains pays volontaires pourront porter. Même la présidence brésilienne et l’appui d’au moins 86 pays n’ont pas permis aux négociateurs de s’entendre sur une mention explicite de la transition hors des énergies fossiles dans les textes officiels. Bien que plus de 90 pays aient soutenu un plan de mise en œuvre visant à stopper et inverser la déforestation d’ici 2030, la volonté politique a fait défaut à Belém. En réponse, la Présidence de la COP a annoncé que le Brésil piloterait ces discussions internationales sur des feuilles de route au titre d’initiatives présidentielles, dont les résultats seront présentés à la COP 31 en 2026.
Parmi les mesures modestes adoptées par les pays figurent en bonne place la décision de mettre en place un mécanisme de transition juste. Il est également prévu que le Brésil conduise un processus de discussions internationales fondées sur la science, autour de feuilles de route pour sortir des combustibles fossiles et mettre fin à la déforestation. Un autre résultat et non des moindres est la décision de mettre en place un mécanisme de transition juste, afin de renforcer la coopération internationale. Le préambule de la décision de la COP mentionne en outre les peuples autochtones, les communautés locales et les afro-descendants, ainsi que les océans, les forêts et la science. D’après la responsable mondiale des politiques Climat et Energie du WWF, Fernanda de Carvalho, « La COP 30 a apporté quelques bonnes nouvelles, notamment à travers l’Agenda d’action renouvelé et les innovations créées pour élargir la participation, comme le Global Ethical Stocktake et d’autres cercles ». Le Global Ethical Stocktake est une initiative lancée par le président brésilien et le secrétaire général de l’ONU pour engager une réflexion éthique sur la crise climatique, en complément de bilan mondial de l’Accord de Paris.
Le directeur exécutif de WWF-Brésil, Mauricio Voivodic, abonde dans le même sens. « La COP 30 a produit des résultats importants au-delà des seuls textes de négociation officiels, et cela doit être pris en compte. L’action climatique ne se limite pas – et ne doit pas se limiter – aux discussions formelles. La Présidence a restructuré l’Agenda d’action et mobilisé 117 plans pour accélérer des solutions à grande échelle, en impliquant des secteurs dans tout le Brésil et dans le monde, lors d’une COP marquée par une forte inclusion de groupes sociaux tels que les peuples autochtones et les communautés locales », s’est-il réjoui. Ce dernier n’a pas manqué d’indiquer qu’il s’agissait probablement de la première COP où les combustibles fossiles et les forêts étaient au centre du débat, ce qui constitue également un pas important. L’un des temps forts de la COP 30 était sans nul doute le lancement du mécanisme « Tropical Forest Forever Facility », destiné à financer la réduction de la déforestation dans les pays tropicaux.

Malgré des avancées, l’on reste loin du compte…
Au demeurant, étant donné qu’il s’agissait du premier sommet climatique depuis que le monde a connu une année entière au-dessus de 1,5 °C, ces avancées restent « insuffisantes » selon WWF pour impulser l’action urgente et transformatrice nécessaire, afin d’éviter des impacts climatiques dévastateurs et de protéger les populations et la nature. L’on est donc loin des espoirs fondés sur les discussions de Belém. « A l’issue de la COP 30, la réalité est claire : des titres ambitieux et de grandes promesses ne se sont pas traduits par des actions à la hauteur. La soi-disant COP de la vérité n’a fourni ni feuille de route, ni véritables solutions aux défis urgents auxquels nous sommes confrontés », a déclaré le responsable mondial Climat et Energie du WWF et ancien président de la COP20, Manuel Pulgar-Vidal. « Au lieu de cela, nous avons été embarqués dans un véritable manège d’illusions, distraits par des promesses séduisantes, mais au final avec un document faible et creux, vidé de sa substance par les jeux d’influence des forces opposées à l’ambition et à la mise en œuvre climatiques. On a offert de l’espoir, mais on ne l’a pas concrétisé », poursuit notre source. Et de conclure : « L’absence de plan crédible pour faire face à la crise climatique et le refus de reconnaître les moteurs fondamentaux de cette crise, comme les énergies fossiles, en disent long. Ces pays manquent de volonté politique pour agir avec audace. Ils trahissent les populations qu’ils représentent, la science qu’ils connaissent et les engagements pris à Paris en 2015 ».
Relativement au volet adaptation, qui constitue pourtant une bouée de sauvetage pour les pays les plus vulnérables, il n’y a pas eu de progrès significatifs, explique l’Ong WWF. « La question des financements, condition indispensable à l’action, est également absente des textes. Pour pouvoir dire que le multilatéralisme a été renforcé, il nous faudrait des feuilles de route sur la sortie des combustibles fossiles et sur l’arrêt et l’inversion de la déforestation. La présidence a annoncé de telles feuilles de route en tant qu’initiatives présidentielles, ce qui génère une dynamique importante. Cependant, nous ne pouvons pas dire que la trajectoire définie par le bilan mondial de 2023 est aujourd’hui respectée. C’est une célébration bien sombre des dix ans de l’Accord de Paris », déplore Fernanda de Carvalho. Dans la même veine, le « Global Mutirão » (effort collectif pour lutter contre le changement climatique, ndlr) évoqué par Mauricio Voivodic manque d’ambition et de processus plus efficaces pour mettre fin à la dépendance aux énergies fossiles et pour stopper et inverser la déforestation.
