
L’initiative de Rainforest Alliance vise à rassembler autour d’une même cause les partenaires et intervenants, afin de dégager des solutions communément acceptées.
La ville de Sangmelima dans le département du Dja-et-Lobo, région du Sud, a abrité le 10 juin 2025, un atelier de formation des formateurs sur co-création d’un projet de vision partagée avec un ensemble diversifié de parties prenantes du paysage de la Trinationale Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM), à cheval entre le Cameroun, le Gabon et le Congo-Brazzaville. L’objectif était de rassembler plus d’une vingtaine de parties prenantes, pour trouver un terrain d’entente sur l’importance de créer une vision paysagère qui serve de guide à l’action collective. Des stratégies ont également été définies pour rassembler autour d’une même cause les partenaires et intervenants, afin d’élaborer une vision commune qui fédère les aspirations de toutes les parties prenantes. L’enjeu étant de dégager des solutions qui sont communément acceptées.

L’Ong internationale Rainforest Alliance est d’avis qu’une vision commune pourrait stimuler les collaborations naissantes et les partenariats public-privé, autour d’une chaîne d’approvisionnement durable en cacao dans le paysage. Une vision commune qui mène à des actions visant à réduire les risques de déforestation, pourrait attirer les investissements du secteur privé, dynamiser la production et accroître les revenus des producteurs. Aujourd’hui, grâce à l’appui de Rainforest Alliance, le soutien du secteur privé aux coopératives cacaoyères de Mintom a permis de doubler la production, passant d’environ 150 kg à 300 kg de cacao par hectare. Bien que cette production reste largement en-deçà du potentiel.
« C’est la raison pour laquelle on a besoin à la fois de la commune, des communautés locales et des peuples autochtones, des ONG locales, des partenaires internationaux, de la région, des autorités administratives pour trouver ensemble des solutions acceptables collectivement. Ce n’est qu’à ce moment qu’on va fédérer des ressources, compétences et aller vers des choses tangibles », a souligné William Mala, Senior Manager, Landscapes & Communities, Rainforest Alliance et Acting Country Director pour le Cameroun. « Une vision partagée incarne les valeurs communes que les parties prenantes partagent pour leur paysage. Elle leur donne une direction commune et les unit pour travailler en collaboration afin d’obtenir un impact positif sur le paysage », a fait savoir Philip Forboseh, Manager, Forest Landscapes, Rainforest Alliance.
L’atelier de Sangmelima vient après deux autres tenus à Mintom. Le premier s’est déroulé en novembre 2024 et portait sur l’introduction à la gestion intégrée du paysage et la cartographie et analyse des parties prenantes. Le deuxième tenu en janvier 2025 a fait le tour de la question sur les partenariats paysagers : gouvernance intersectorielle et multipartite. L’atelier de Sangmelima s’est appuyé sur le travail accompli lors des ateliers précédents. L’activité se tenait dans le cadre de la mise en œuvre la composante 3 du projet régional : « Changement transformationnel dans la gestion durable des forêts dans les paysages transfrontaliers du bassin du Congo ». Cette composante est développée par Rainforest Alliance en partenariat avec ONU-Environnement. Le projet régional est l’un des sept projets du programme d’impact sur les paysages durables du Bassin du Congo (Congo SLIP) du GEF-7, avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) en tant qu’agence d’exécution du GEF.
LA REDACTION
ILS ONT DIT…
« Les paysages rencontrent à la fois des litiges en termes de mutualisation des compétences, des efforts et des ressources »

William Mala, Senior Manager, Landscapes & Communities, Rainforest Alliance et Acting Country Director pour le Cameroun.
Quels étaient les enjeux de l’atelier de Sangmelima pour la gestion intégrée du paysage Tridom ?
Rainforest Alliance est l’un des partenaires de mise en œuvre du projet régional GEF7, parce qu’on avait des outils qui permettaient à ce projet régional qui travaille essentiellement dans les paysages transfrontaliers établis depuis pratiquement deux décennies, et qui rencontrent des défis en termes de modèles pour mettre en œuvre ensemble la conservation. Au regard de nos outils et compétences, Rainforest Alliance a été associé à cet effort pour donner un nouveau souffle à ce paysage transfrontalier qui était déjà ciblé. Il fallait six paysages transfrontaliers. Au bout du compte, on en a sélectionné deux : les paysages du Tridom et de la Trinationale de la Sangha (TNS). Ces paysages rencontrent à la fois des litiges en termes de mutualisation des compétences, des efforts et des ressources. Les parties prenantes travaillent parfois sur les mêmes choses. Au bout du compte, les changements tangibles qu’on attend de ces investissements ne sont pas perceptibles au niveau des communautés qui vivent dans les périphéries des parcs transfrontaliers. Cette démarche de gestion intégrée du paysage est un outil qui a été développé par Rainforest Alliance et son partenaire appelé One Thousand Landscapes (un million de paysages) qui est une initiative globale mettant en avant la gestion intégrée pour apporter des réponses multi-acteurs à des processus beaucoup plus complexes. Avant, on croyait qu’il s’agit juste de créer des aires protégées dans ces zones pour résoudre les problèmes. Seulement, quand on résout un problème, on en crée d’autres.
Comment apporter une réponse coordonnée pour trouver un compromis entre la conservation et le développement autour des cultures de rente et vivrières ?
Le défi aussi pour Rainforest Alliance était d’amener le secteur privé qui est impliqué dans la chaîne d’approvisionnement du cacao durable. Cet acteur doit augmenter ses investissements pour que la durabilité soit une réalité et que les paysans tirent leurs revenus substantiels, en conservant les superficies existantes pour augmenter leurs rendements à l’hectare. Initialement, quand on voit Mintom, en 2018, on était autour de 150 kg de cacao à l’hectare. Aujourd’hui, avec le travail d’accompagnement des coopératives, on est autour de 300 kg à l’hectare. Il y a à la fois le travail du Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et d’autres partenaires privés. Toujours est-il que Rainforest Alliance ne peut pas résoudre tous les problèmes. Ils semblent simples, mais sont plus complexes qu’on l’imagine. On va travailler sur le cacao durable, mais il y a d’autres expertises. C’est la raison pour laquelle on a besoin à la fois de la commune, des communautés locales et des peuples autochtones, des ONG locales, des partenaires internationaux, de la région, des autorités administratives pour trouver ensemble des solutions acceptables collectivement. Ce n’est qu’à ce moment qu’on va fédérer des ressources, compétences et aller vers des choses tangibles.
“From the shared vision, the stakeholders agree on the landscape goals, objectives and landscape action”

Philip Forboseh, Manager, Forest Landscapes, Rainforest Alliance.
Why is it important to have a shared vision for Landscapes ?
A shared vision comprises the values of that the stakeholders hold for the landscape. When those values are shared, it gives them a common direction to follow, enabling them to collaborate in achieving something great for the landscape. They are many reasons why a landscape vision is important. I have just talked about it given a sense of direction to landscape stakeholders and how this can facilitate collaboration. When making a difficult decision, it helps
to reflect on the extent to which the decision that you are about to make aligns with the vision that you and the other stakeholders have for the landscape. It is also important to communicate about the landscape and the shared vision helps you to achieve that. During this workshop I illustrated how a shared vision can help with strategic decision making.
How can those key ingredients permit to manage sustainably the landscape ?
First, by ingredients, you are referring to the elements that could be used to define an appealing vision – the stakeholders and values that I just mentioned, the timescale, the land uses and benefits expected from the landscapes. From the shared vision, the stakeholders agree on the landscape goals, objectives and landscape action, which is a tool for managing the landscape. Visioning and planning is only one of five elements of the integrated landscape management approach that the Rainforest Alliance and partners of the 1000 Landscape for One Billion People initiative promote. In effect, integrated landscape management is a journey and a method that involves collaboration between multiple stakeholders from various sectors who engage in developing and implementing a landscape management plan with the aim of achieving four benefits from a landscape in three land classes and over generational time scale.
Interviews réalisées par LA REDACTION