
Par Dr. Julien Grégoire ONGUENE ATEBA, Economiste et logisticien des transports, (+237) 676531537 / alandesstyles2016@gmail.com
1- Les indicateurs de l’hypothèse d’une théorie des Rhinocéros blancs
Quand on annonçait pompeusement l’émergence économique pour 2035 dans le DSCE de 2009, on croyait que le temps nous appartient. Nous y voilà. Il reste 10ans. Un modèle d’émergence économique biaisé, inadapté, irréaliste et irréalisable. Un taux de croissance 3.6%<8%, soit un écart de 4.6% à combler avant 2035. Un taux d’investissement 18%<30% soit 12% à combler en 10 ans. Taux de croissance démographique 4,8%> taux croissance économique. Taux croissance de la production agricole 13%<50%, un retard de 37% à combler d’ici 2035 pour être autosuffisant sur le plan alimentaire. On a besoin de 88.000 milliards de FCFA pour boucler tous les projets de l’émergence économique en 10 ans alors que de 2010 à 2024, tous les projets ont été réalisés par emprunt à hauteur d’environ 10.000 milliards de FCFA. Où va-t-on trouver 88.000 milliards de FCFA ? Autre erreur, sur quels postulats de base a-t-on fait le choix d’organiser une CAN qui nous a coûté environ 1000 milliards de FCFA ? Aucune corrélation positive, c’est ce que j’appelle la théorie des Rhinocéros blancs. On aurait pu nous construire cinq (05) grandes raffineries de technologie chinoise avec ces 1000 milliards de FCFA et raffiner notre pétrole pour faire des recettes pétrolières de 3000 milliards de FCFA par an et devenir un Emirat pétrolier dans les 10 ans.
2- Une définition de la théorie des Rhinocéros blancs
À mon sens, la théorie des Rhinocéros blancs s’inspire des travaux de la théorie des éléphants blancs qui en son temps était considérée comme un ensemble de mégaprojets coûteux qui ne contribuaient pas à la collectivité. Au regard de la dynamique évolutive de la science, je considère que la théorie des éléphants blancs est dépassée surtout en contexte d’émergence économique de l’Afrique en général et au Cameroun en particulier. Je définis alors les Rhinocéros blancs comme un ensemble de projets structurants des trois secteurs de l’économie lancés tous à la fois en théorie du Big push, mais qui étouffent à un moment de son histoire, pour cause d’absence de financement et de déficit de gouvernance qui ne permettent pas d’impulser l’émergence économique d’une nation… Cette nouvelle théorie puise ses fondements dans une période des dynamiques d’émergence économique en Afrique et à 10 ans de 2035, date de l’horizon annoncé pour l’émergence économique du Cameroun depuis le DSCE de 2009.
3- Les erreurs de la modélisation de l’émergence économique
Pour être émergent, ces indicateurs doivent être constants ou croître sur une longue période. Avec ce DSCE et cette SND30, j’ai théorisé que dans l’hypothèse la plus optimiste avec un miracle, ce n’est qu’à l’horizon 2070 qu’on pourrait être émergent. Trois grandes erreurs ont été commises dans la modélisation de l’émergence économique et voilà que le modèle étouffe. Ce sont ces erreurs qu’il fallait corriger en 2019 à la fin du DSCE. Maintenant, le pays est à la croisée des chemins avec cette SND30 sans trésorerie forte, ni capacité d’endettement forte. Il ne survit encore que pour les petits droits et taxes à prélever pour payer les quelques ouvriers administratifs dès le 25 du mois… Peut-être il est mieux de mettre le pays en location ou contrat de concession ou de sous-traitance.