La onzième édition du rapport sur l’état de l’intégration régionale en Afrique (ARIA XI) propose d’aller vers une union douanière et un marché commun continental africain.
Lors de l’atelier d’examen et de validation de la politique régionale de développement du commerce électronique en Afrique centrale tenu du 23 au 24 septembre 2025 à Douala (Cameroun), la onzième édition du rapport sur l’état de l’intégration régionale en Afrique (ARIA XI) a été présenté aux experts. ARIA XI est une production conjointe de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), la Commission de l’Union Africaine (CUA) et la Banque Africaine de Développement (BAD). L’édition 2025 lancée officiellement le 12 juillet 2025 est axée sur le thème : « Réaliser la communauté économique africaine : vers une union douanière et un marché commun continental africain ».
Composé de sept chapitres, ARIA XI propose une analyse approfondie des opportunités, des conditions préalables et des cadres institutionnels nécessaires pour avancer vers une intégration économique continentale plus poussée. A la CEA, l’on indique que le document fournit des éclairages théoriques et empiriques sur la zone de libre-échange, les unions douanières et les marchés communs, en s’inspirant des communautés économiques régionales (CER) africaines et des expériences mondiales.

Sept chapitres passant au crible l’économie africaine
Le chapitre 1 fait le point sur les progrès réalisés en matière d’intégration aux niveaux régional et continental depuis ARIA X en 2021. Il passe en revue les progrès de l’intégration productive, évalue la convergence macroéconomique et présente les derniers développements en matière de commerce des biens et des services. De même, il examine l’infrastructure et l’intégration sociale, explore les tendances en matière de gouvernance, de paix et de sécurité, et évalue les progrès dans l’opérationnalisation de la libre circulation des personnes. Le chapitre 2 examine les cadres théoriques et empiriques qui sous-tendent les processus d’intégration régionale, notamment le lien et l’enchaînement entre les zones de libre-échange, les unions douanières et les marchés communs dans le monde. Il présente les avantages et les inconvénients théoriques de ces accords et leur pertinence pour l’intégration actuelle de l’Afrique, explore leurs avantages et leurs coûts commerciaux, et démontre l’importance de ces deux éléments pour la réalisation d’une communauté économique africaine.
Le chapitre 3 analyse les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la ZLECAf, en mettant l’accent sur ses succès et ses défis. Il examine également brièvement bon nombre d’initiatives continentales, dont la ratification et la mise en œuvre contribueraient de manière significative à la réussite de la mise en œuvre de la ZLECAF et à la réalisation de ses objectifs de transformation. Le chapitre 4 passe en revue les expériences des CER africaines en matière de création et de mise en œuvre de zones de libre-échange, d’unions douanières et de marchés communs, à la lumière d’expériences dans d’autres régions du monde, notamment l’Union européenne (UE), le Marché commun du Sud (Mercosur) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Il identifie ensuite les leçons applicables aux efforts déployés par l’Afrique pour mettre en place l’Union douanière continentale africaine (UDCAf) et le Marché commun continental africain (MCCAf).
Le chapitre 5 met l’accent sur les perspectives et les défis liés à l’harmonisation des tarifs et à l’adoption d’un TEC continental, ainsi qu’à l’établissement et à la mise en œuvre de l’UDCAf. Il évalue les progrès réalisés au niveau des CER pour harmoniser les tarifs, adopter un TEC et d’autres instruments d’intégration commerciale. Son analyse estime et simule les effets sur le commerce, les recettes et d’autres paramètres économiques de l’application d’un TEC, en les examinant à la lumière des CER africaines qui ont mis en œuvre une union douanière). Le chapitre 6 passe en revue les barrières et autres mesures non tarifaires utilisées par les CER et les pays d’Afrique, ainsi que les mesures prises par les CER pour les éliminer. Il examine comment le continent peut passer au MCCAf et les conditions préalables qui doivent être remplies.
Enfin, le chapitre 7 présente des options en matière d’exigences institutionnelles, de gouvernance et de ressources en vue d’opérationnaliser l’UDCAf et le MCCAf. Il envisage ainsi l’utilisation des cadres juridiques, des institutions et des structures existant, en particulier le traité d’Abuja et l’AfCFTA, ainsi que la possibilité de créer une nouvelle structure sous la forme d’une agence ou d’un organe sur le modèle de l’Agence de développement de l’Union africaine – Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (AUDA-NEPAD) ou des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Afrique CDC). Le chapitre explore les moyens de mobiliser des ressources pour assurer l’autonomie financière de l’UDCAf et du MCCAf.

Donner un coup de fouet à la mise en œuvre de la ZLECAf
Sur le fond et la forme, ARIA XI examine de manière critique l’état actuel de l’intégration régionale, évalue la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), analyse l’harmonisation tarifaire et les barrières non tarifaires et propose des modèles de gouvernance et de financement pour une future Union Douanière Continentale Africaine (UDCA) et un Marché Commun Continental Africain (MCCA). Les recommandations de la onzième édition d’ARIA suggèrent des pistes politiques concrètes et constituent un outil de politique pratique ainsi qu’une référence de recherche prospective pour les décideurs politiques africains, les institutions et les parties prenantes de l’intégration, afin de concrétiser la vision d’une communauté économique africaine unifiée et résiliente.
Le rapport s’appuie surtout sur les progrès réalisés dans le cadre de la ZLECAf. La boussole incarne la vision collective des pays africains de réunir les 1,4 milliard d’habitants du continent et leur PIB combiné d’environ 3000 milliards de dollars, pour en faire un marché continental unique. En septembre 2024, l’accord sur la ZLECAf avait recueilli 54 signatures et 48 ratifications. Dans la foulée, le secrétariat de la ZLECAf a été créé et l’initiative commerciale guidée lancée. Les protocoles clés sur l’investissement, les droits de propriété intellectuelle et la politique de concurrence ont été adoptés.
