Dans une lettre commune, Fern, WWF, Greenpeace, EIA, ClientEarth, Global Witness et Forest Peoples Programme réitèrent que le règlement zéro déforestation soit pleinement mise en œuvre, comme prévu, le 30 décembre 2025.
Le 7 octobre 2025, sept ONG internationales (Fern, WWF, Greenpeace, EIA, ClientEarth, Global Witness et Forest Peoples Programme) ont co-signé une lettre commune, dans laquelle elles dénoncent l’intention de la Commission de l’Union européenne de retarder, pour la deuxième fois, la mise en œuvre du Règlement de l’UE sur la déforestation (RDUE). La réaction fait suite à l’annonce d’un éventuel report faite le 23 septembre par la commissaire chargée de l’environnement, de la résilience de l’eau et d’une économie circulaire compétitive, Jessika Roswall. A l’occasion, elle a évoqué des défis liés au « système d’informations » de la loi. « Nous trouvons étonnant que l’UE ne dispose pas des ressources et des capacités nécessaires pour construire et exploiter l’infrastructure nécessaire au fonctionnement du RDUE. Cette infrastructure aurait dû être en place dès fin 2024, et les suggestions selon lesquelles elle pourrait ne pas être achevée un an plus tard sont tout simplement inacceptables », déplore la correspondance.
Les ONG vont plus loin en mettant en garde contre les conséquences catastrophiques qu’un tel retard entraînerait pour le climat, l’environnement, les peuples autochtones et tous ceux qui dépendent des forêts. « La RDUE a été adoptée dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe afin de respecter l’engagement de l’Union européenne à mettre un terme à la déforestation liée à la consommation européenne. Un nouveau retard dans l’application de cette loi aurait des conséquences désastreuses », estiment les signataires. « Les retards dans la mise en œuvre de la RDUE ont un impact clair et direct sur le climat et l’environnement, ainsi que sur les droits des peuples autochtones et des communautés qui dépendent des forêts : à l’échelle mondiale, un arbre disparaît chaque seconde à cause de la consommation européenne, et les forêts européennes ne sont pas épargnées par la dégradation liée à leur exploitation économique », poursuivent-ils.

Le leadership environnemental de l’Union européenne en question
Un autre défi en perspective est la potentielle remise en cause de la crédibilité du système réglementaire de l’Union européenne et de sa réputation de leadership environnemental lors de la COP 30 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatique prévue du 10 au 21 novembre 2025 à Belém au Brésil. Si les choses restent en l’état, l’engagement de l’UE envers la Déclaration des dirigeants de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres pourrait être remis en cause, de l’avis des sept ONG signataires de la lettre commune.
Un retard supplémentaire dans la mise en œuvre du RDUE est assimilé à une façon de récompenser les retardataires. Ce qui « compromettrait les efforts déployés par de nombreuses entreprises pour garantir la conformité de leurs chaînes d’approvisionnement à la législation et la durabilité environnementale de leurs activités ». La lettre commune revient sur les efforts entrepris par les entreprises et les Etats membres de l’UE pour se conformer aux exigences du règlement de l’UE. Le secteur privé a préparé sa chaîne d’approvisionnement à la conformité à la législation, tandis que les Etats ont préparé leurs autorités à l’appliquer. De leur côté, les pays partenaires et les producteurs de matières premières ont également profité de la période de transition, pour garantir la mise de leurs produits sur le marché de l’UE.
Par conséquent, les ONG sont péremptoires. « Nous vous demandons de régler d’urgence et de manière transparente tout problème en suspens concernant le « système d’information » et de vous abstenir de retarder davantage l’application du RDUE. Vous devez plutôt veiller à ce que cette loi historique soit pleinement mise en œuvre, comme prévu, le 30 décembre 2025 », clament-elles. Le report du RDUE intervient peu après que près de 200 000 citoyens se soient rassemblés pour demander à l’UE de ne pas affaiblir la législation environnementale. Pour plus d’informations, télécharger la lettre commune suivante:
